Comment Trump a inventé une maladie pour discréditer ses adversaires politiques

<p>Donald Trump aurait-il inventé un nouveau trouble mental ? On parle bien du président américain qui avait suggéré de <a href="https://www.20minutes.fr/monde/2766947-20200424-coronavirus-trump-suggere-injection-desinfectant-uv-contre-covid-19-medecins-horrifies">soigner le Covid-19 en buvant de l’eau de javel</a>… Qu’est-ce donc que le « Trump Derangement Syndrome » ou TDS ? Ce concept inventé par les partisans de Donald Trump vise à disqualifier toute critique à son égard, suggérant que les opposants au président seraient atteints d’une pathologie mentale qui les rendrait irrationnels et obsessionnellement hostiles.</p><figure><iframe title="Portrait en Lego, sapins XXL… Les images des décorations de Noël de la Maison-Blanche" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/3sx5qsk/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><p>Une proposition de loi déposée en mai 2025 par les sénateurs républicains Warren Davidson et Barry Moore demande aux Instituts Nationaux de la Santé d’étudier cette prétendue « épidémie qui touche la gauche ». Selon eux, le TDS est « un état d’esprit toxique » qui a pour conséquence de « diviser les familles, le pays, et provoquer un climat de violence nationale. »</p><h2>L’indécence selon Trump</h2><p><a href="https://www.20minutes.fr/dossier/donald_trump">Donald Trump lui-même</a> utilise ce concept pour expliquer qu’Elon Musk a fini par le lâcher. Récemment il a diagnostiqué ce mal imaginaire <a href="https://www.20min.ch/fr/story/etats-unis-pour-trump-reiner-a-ete-tue-a-cause-de-sa-nevrose-anti-trump-103470536">chez le réalisateur Rob Reiner</a>, assassiné aux côté de sa femme. Dans un message sur son réseau social, il a expliqué :</p><blockquote>« Rob Reiner est apparemment mort à cause de la colère que provoquait, chez d’autres, son TDS. Il était connu pour rendre les gens fous par son obsession enragée contre le président Donald Trump. Sa paranoïa évidente a atteint de nouveaux sommets tandis que l’Administration Trump remplissait tous ses objectifs et dépassait toutes les espérances. »</blockquote><p>Outre <a href="https://www.mediapart.fr/journal/fil-dactualites/151225/trump-lie-la-mort-du-realisateur-rob-reiner-son-anti-trumpisme-enrage">la vulgarité de ce message </a>posté le jour même de la mort d’une personne, Donald Trump s’approprie ainsi un concept utilisé pour discréditer toutes les critiques qui lui sont faites. A ses yeux, cette prétendue pathologie invalide les arguments de ses opposants renvoyés au statut de <a href="https://www.politico.com/news/2025/12/15/trump-rob-reiner-death-00690682">malades mentaux victimes d’une rage irraisonnée</a> et sans fondement.</p><h2>« Le registre de l’obsession, la rage et la peur »</h2><p>Dans le <em>Wall Street Journal</em>, le psychothérapeute Jonathan Alpert a analysé cette pathologie et y a reconnu « des symptômes. » Pour le psychothérapeute, « nombreuses sont les personnes qui ne parviennent pas à ne pas penser à Donald Trump, en dépit de leurs efforts. Elles interprètent chacun des actes du président comme une attaque contre la démocratie et une menace à leur propre sécurité. » Pour Jonathan Alper, on constate alors que ces personnes évoquent Donald Trump « non pas pour discuter politique, mais pour aller dans le registre de l’obsession, la rage et la peur. »</p><p>Les <a href="https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2025/12/15/donald-trump-un-president-qui-rend-fou_6657746_4500055.html">observateurs politiques américains</a> sont habitués à ce phénomène. A tel point qu’en 2003, déjà, avait été conceptualisé le « Bush Derangement Syndrome » durant la présidence de George W. Bush, notamment lors de l’invasion de l’Irak par les Etats- Unis. Dans le <em>Washington Post, </em>le journaliste Charles Krauthammer, journaliste politique conservateur, inventait alors le BDS qu’il décrivait comme :</p><blockquote>une soudaine paranoïa qui affecte des personnes, par ailleurs normales, en réaction à la politique, à la présidence, voire à l’existence même de George W. Bush.</blockquote><h2>Des « President Derangement Syndromes » depuis 2003</h2><p>Pour Charles Krauthammer, le « Trump Derangement Syndrome » démontre « au-delà de l’hystérie générale autour du sujet », une « incapacité à faire la différence entre les divergences politiques légitimes et les signes de troubles psychiques. » Lors de la présidence Obama, un « Obama Derangement Syndrome » avait également été décrit, mais très peu repris dans les éditoriaux. Pour Jonathan Alpert, ces différents « President Derangement Syndromes » ont en commun de décrire « une réalité psychologique dans laquelle une figure politique devient le symbole de la menace et de la perte de contrôle. »</p><figure> </figure><h2>Une boucle infinie</h2><p>Instrumentalisé depuis son premier mandat par les partisans de Trump, l’argument TDS apparaît, pour de nombreux psychiatres, comme le symptôme d’une Amérique malade de la radicalisation des expressions politiques. Une tribune de professionnels de santé a pointé le prétendu TDS comme la preuve que la santé mentale des Américains s’est détériorée sous les présidences Trump.</p><figure><a href="https://www.20minutes.fr/sante/sante-mentale/">Nos articles sur la santé mentale</a></figure><p>L’hyper communication présidentielle, avec un Donald Trump qui s’autorise outrances, mensonges et revirements quotidiens, créent, chez ses opposants autant que ses partisans, une tension psychologique. Un « derangement » bien réel celui-là.</p>