Guerre en Ukraine : Un drone naval aurait frappé un sous-marin russe dans un port, et ce serait une « première »

Published 11 hours ago
Source: 20minutes.fr
Guerre en Ukraine : Un drone naval aurait frappé un sous-marin russe dans un port, et ce serait une « première »
<p>Il s’agirait d’une première historique. Des <a href="https://www.20minutes.fr/monde/drone/">drones</a> sous-marins « Sub Sea Baby » « ont détruit un <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/sous-marin">sous-marin</a> russe de classe 636.3 « Varshavyanka » (classe Kilo, selon l’<a href="https://www.20minutes.fr/monde/otan/">Otan</a>) », amarré dans le port de Novorossiïsk, en <a href="https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/4191670-20251215-guerre-ukraine-turquie-abat-drone-hors-controle-provenance-mer-noire">mer Noire</a> », ont annoncé lundi les services de sécurité ukrainiens (SBU) <a href="https://ssu.gov.ua/novyny/sbu-vrazyla-pidvodnyi-choven-rf-u-novorosiisku-video">dans un communiqué</a>. « L’explosion a gravement endommagé le sous-marin, le rendant inutilisable ».</p><p>« À bord du sous-marin se trouvaient quatre lanceurs de <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4159550-20250622-guerre-missiles-croisiere-balistiques-hypersoniques-differences-utilisations">missiles de croisière</a> Kalibr, que l’ennemi utilise pour frapper le territoire ukrainien » ajoute le SBU. Il affirme que « le coût d’un sous-marin de classe Varshavyanka est d’environ 400 millions de dollars ». Ce type de sous-marin d’attaque conventionnel est fabriqué depuis les années 1980. Selon les analystes militaires, la <a href="https://www.20minutes.fr/monde/russie/">Russie</a> en possède plus d’une trentaine.</p><p>Le ministère russe de la Défense a démenti les affirmations du SBU. « Les informations diffusées par les services spéciaux ukrainiens concernant la prétendue destruction d’un sous-marin russe dans la baie de la base navale de Novorossiïsk sont erronées. Aucun navire n’a été touché par cette action », a assuré un porte-parole de la flotte russe sur Telegram.</p><h2>« Drone Sea Baby » ou « Maritchka » ?</h2><p>Spécialiste de la maîtrise des risques en milieux sensibles, le consultant Stéphane Audrand alertait déjà, <a href="https://www.ifri.org/fr/briefings/securiser-leconomie-maritime-au-xxie-siecle-le-defi-des-profondeurs">dans un article</a> qu’il a rédigé en juin dernier pour <a href="https://www.ifri.org/fr">l’Institut français des relations internationales (Ifri)</a>, sur la menace des « vecteurs sous-marins autonomes » contre les forces navales, « insuffisamment préparées ».</p><p>Contacté par <em>20 Minutes</em> ce mardi, il prévient que « nous ne savons pas grand-chose sur cette opération » et qu’il convient de rester prudent à ce stade. « On voit une explosion sur les images fournies par l’Ukraine, mais cela peut très bien être une mine posée par des plongeurs de combat… Quand les drones de surface attaquent un pétrolier, les Ukrainiens fournissent énormément de vidéos. Là, il n’y en a pas, puisque cela se passe sous l’eau », milieu depuis lequel il est difficile d’envoyer des images.</p><p>Par ailleurs, quand bien même il s’agit bien d’une attaque de drone sous-marin, on ne connaît pas le modèle. « Les Ukrainiens disent que c’est un Sea Baby, mais cela pourrait très bien être un Maritchka. Ce dernier est un vrai drone sous-marin tandis que le Sea Baby est un drone de surface, que les Ukrainiens cherchent effectivement à rendre un peu submersible en le faisant naviguer juste sous la surface. Ce qui serait plus simple à manœuvrer que gérer un vrai drone sous-marin. »</p><h2>Faudra-t-il « remettre des filets dans les ports » pour les sécuriser ?</h2><p>Si cette opération est avérée, elle serait en tout cas « très intéressante », souligne le spécialiste. Car elle ouvre notamment la question de la sécurisation des marines de guerre dans les ports, « qui vont devoir retrouver des réflexes perdus depuis les deux guerres mondiales, durant lesquelles il fallait faire face à la menace des nageurs de combat dans les rades ». Pour se protéger, elles seront potentiellement obligées de « remettre des filets dans les <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/port">ports</a>, voire sécuriser les entrées et les sorties des ports, c’est-à-dire de revenir à une situation où l’on peut être frappé n’importe quand, n’importe où, sachant que détecter de petits objets, lents, sous l’eau, est très difficile. »</p><figure><iframe title="La Russie diffuse les images d’un nouveau drone naval encore « inconnu »" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/30u8mkq/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><p>En outre, robotiser et droniser des attaques faites auparavant par des nageurs de combat permettrait « de maintenir une pression permanente sur les bases adverses, de jour comme de nuit, par n’importe quel temps », car ces objets « peuvent être utilisés de manière plus fréquente que des nageurs, pour qui ces opérations restent dangereuses. »</p><p>Le spécialiste souligne par ailleurs que « ce même type de drone pourrait survenir dans un port civil, sur un bateau de croisière lors d’attaques terroristes ou des navires de commerce, et absolument rien n’est pensé pour s’en protéger. »</p><h2>« Un peu optimiste en me disant que nous avions encore deux ou trois ans devant nous… »</h2><p>À terme, « comme pour les drones aériens, le parc mondial des robots et drones sous-marins sera composé en grande majorité d’appareils robustes, simples, conçus à partir de composants et de matériaux largement disponibles sur les marchés, écrit Stéphane Audrand dans son article pour l’Ifri. C’est précisément cet écosystème technologique mondial qui a permis à l’<a href="https://www.20minutes.fr/monde/iran/">Iran</a> de développer le drone Shahed 136, utilisé depuis 2020 et symbole de cette démocratisation de la frappe dans la profondeur. Il y a fort à parier que son équivalent sous-marin sera produit avant 2030… »</p><figure> </figure><figure><a href="https://www.20minutes.fr/monde/drone/">Notre dossier sur les drones</a></figure><p>« Des spécialistes de la guerre sous-marine m’affirmaient que nous avions encore dix ans devant nous. Moi je tablais sur deux ou trois ans, et j’étais encore un peu optimiste, puisque apparemment, nous y sommes… », analyse aujourd’hui l’expert. Le marché mondial de la robotique sous-marine, évalué à 3 milliards de dollars en 2023, est appelé à croître d’environ 17 % par an pour atteindre 13 milliards en 2032.</p>