Lyon : « Je vais accoucher dans deux mois »… Inès, 24 ans et payant son loyer, a été expulsée en pleine trêve hivernale

Published 4 hours ago
Source: 20minutes.fr
Lyon : « Je vais accoucher dans deux mois »… Inès, 24 ans et payant son loyer, a été expulsée en pleine trêve hivernale
<p>« Le 19 novembre, un huissier a toqué chez nous pour nous dire qu’on avait deux jours pour quitter notre appartement. » Un mois plus tard, Inès*, 24 ans, ne comprend toujours pas. Cette jeune femme, originaire de la région lyonnaise, a été <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4185693-20251115-rennes-expulse-juste-avant-treve-eugene-dort-dehors-sous-fenetres-appartement">expulsée du logement</a> dans lequel elle habitait avec son compagnon depuis un an. « On a toujours payé nos loyers et nos factures en temps et en heure depuis notre emménagement », affirme-t-elle, des preuves bancaires à l’appui.</p><figure><iframe title="Heures creuses, trêve hivernale… tout ce qui change à partir du 1er novembre 2025" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/3xk0rr5/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><p>Inès et son compagnon ont été victimes d’une arnaque d’un « marchand de sommeil ». A l’automne dernier, après plusieurs mois de recherche, ils sont tombés sur une <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4190609-20251214-quoi-voisin-vert-site-veut-securiser-ventes-occasion-face-arnaques">annonce publiée sur Le Bon Coin</a>. Après une première visite, où ils pensaient avoir rencontré le propriétaire des lieux, ils décident de déposer leur dossier.</p><p>« On a toujours vécu chez nos parents, là c’était notre premier &quot;chez nous&quot;, retrace la jeune femme, désemparée. Le marché de l’immobilier lyonnais étant ce qu’il est, on a eu du mal à trouver quelque chose alors que nous étions tous les deux en CDI. Après plusieurs refus, ce propriétaire nous a acceptés. Même si le logement ne remplissait pas tous nos critères, on s’est dit que ce n’était pas trop mal et que ce serait bien pour commencer notre vie à deux. »</p><h2>Quatre ans d’impayés légaux de loyer</h2><p>Inès précise qu’après son installation, elle n’a plus trop eu d’échanges avec l’homme qu’elle pensait être le propriétaire. « Il n’a jamais répondu à nos demandes pour réparer un volet cassé, par exemple. Et quand on a essayé de le joindre après le passage de l’huissier, pour lui demander des explications, il n’a plus donné aucun signe de vie », souffle-t-elle.</p><p>Le mois dernier donc, Inès et son petit ami ont appris qu’ils étaient considérés comme des « squatteurs », ce qui justifie la possibilité d’être expulsés pendant la <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/treve_hivernale">trêve hivernale</a>, dont la période court du 1er novembre au 31 mars de l’année suivante. « L’huissier nous a dit qu’un jugement avait eu lieu en juin. La procédure avait été lancée par la réelle propriétaire contre ses derniers locataires légaux, explique-t-elle. Ils ne payaient plus rien depuis quatre ans. Les enquêteurs en ont déduit que, depuis tout ce temps, il n’y avait eu que des sous-locations. » C’est bien le nom de ces personnes qui figuraient en premier lieu sur l’avis d’expulsion.</p><h2>L’impossible recours dans ce cas</h2><p>Quarante-huit heures après avoir été prévenu, le couple a alors dû sortir de leur appartement. « On n’a pas eu d’autre choix que de retourner chacun chez nos parents parce qu’on n’était sans solution de relogement. Et en plus, on a dû trouver en urgence un box à louer pour mettre toutes nos affaires car c’était un non-meublé », lance-t-elle. Et d’ajouter : « Personne ne nous a aidés face à cette injustice. On a versé 890 euros dans le vent chaque mois, pendant un an. On a perdu notre temps et notre argent et la perspective d’une vie de famille tranquille qui débutait… » La jeune femme déplore n’avoir été « protégée en rien » alors qu’elle aussi, comme la « vraie propriétaire », est « complètement victime ».</p><p>« On a porté plainte mais c’est tout ce qu’on peut faire », s’exclame-t-elle. Une commissaire de justice lyonnaise, sollicitée par <em>20 Minutes, </em>confirme la difficulté du recours dans ce cas-là. « La &quot;sous-locataire&quot; n’a pas de recours contre le propriétaire bailleur, puisque la décision d’expulsion autorise systématique l’expulsion du locataire et de &quot;tout occupant de son chef&quot; », indique la professionnelle. « Eventuellement, elle pourrait se retourner contre le locataire principal », précise-t-elle. Mais ces derniers sont « introuvables » d’après les éléments que les enquêteurs ont transmis à Inès.</p><h2>« Je me retrouve séparée physiquement du père de mon bébé »</h2><p>Malgré l’impuissance d’Inès dans cette situation, la jeune femme ne compte « pas en rester là ». « Je ne comprends pas comment c’est possible de louer un appartement lorsqu’on n’est pas propriétaire et qu’on s’en sorte aussi bien, s’insurge-t-elle. J’ai conscience que je ne suis pas la première et que je ne serai pas la dernière vu la galère de trouver un logement à <a href="https://www.20minutes.fr/lyon/">Lyon</a>, c’est pour ça que je veux partager mon histoire et faire tout ce que je peux pour que la justice soit faite. »</p><figure><a href="https://www.20minutes.fr/dossier/treve_hivernale">Notre dossier trêve hivernale</a></figure><p>Avant d’ajouter : « Je le vis très mal. Je me retrouve à la rue alors que je suis en règle. Surtout que je suis enceinte et que je vais accoucher dans deux mois. Je devrais être en train de préparer la chambre de mon enfant, et au lieu de ça, je me retrouve à retourner vivre chez mes parents, séparée physiquement du père de mon bébé. » Inès et son partenaire ont fait une demande de logement social d’urgence.</p><figure> </figure><p><em>*Le prénom a été modifié à la demande de la personne interviewée.</em></p>