<p>Que serait le <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/louvre">Louvre</a> sans <em>La Joconde</em> ? Le musée accueillerait-il autant de visiteurs s’il n’avait pas entre ses murs le chef-d’œuvre de <a href="https://www.20minutes.fr/paris/4180380-20251021-cambriolage-louvre-existe-valeur-juridique-quoi-uvre-inestimable">Léonard de Vinci, probablement le tableau le plus célèbre du monde</a> ? Cette question a bien failli se poser. Pas à l’automne dernier, lorsque <a href="https://www.20minutes.fr/justice/4188033-20251126-cambriolage-louvre-balcon-monte-charge-audit-securite-prevu-scenario-casse">les bijoux de l’impératrice ont été dérobés</a> – la protection de <em>La Joconde</em> est autrement plus conséquente, mais en 1911. La toile a été subtilisée en plein jour pour ne réapparaître que deux ans plus tard à Florence, en Italie. « C’est un tableau qui a été célèbre dès le moment où Léonard de Vinci a commencé à le peindre, mais il est vraiment devenu une icône mondiale après ce vol », précise Jérôme Coignard, historien d’art et auteur d’<em>Une femme disparaît</em> (ed. Le Passage, 2011), consacré à cette affaire.</p><p>L’alerte est donnée le<strong> </strong>mardi 22 août 1911 par le peintre Louis Béroud. Ce matin-là, l’artiste se rend au musée pour faire un croquis pour sa future toile - <em>Mona Lisa au Louvre</em>. Mais en arrivant dans le Salon carré, où l’œuvre est exposée, son élan est stoppé net. La toile n’est plus au mur. Il se rapproche alors des gardiens qui ne font pas montre d’une grande inquiétude : l’œuvre du génie italien a sûrement été décrochée pour être photographiée. Mais après vérification, ce n’est pas le cas<strong>.</strong> Le musée est alors fouillé de fond en comble. Rien. Ou presque. Dans un escalier de service sont découverts le cadre et la vitre de protection de la toile. Il faut s’y résoudre : <a href="https://www.20minutes.fr/faits_divers/faits-divers-paris/4173754-20250917-apres-vol-pepites-or-museum-histoire-naturelle-securisation-musees-hauteur">le chef-d’œuvre de Léonard de Vinci a bel et bien été volé.</a></p><figure><iframe title="Le braquage du train postal Glasgow-Londres, l’un des casses les plus célèbres de l’histoire" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/3smzpp3/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><h2>Douze gardiens dans le musée</h2><p>« Peu avant les faits, la sécurité avait pourtant été renforcée, notamment en installant un éclairage la nuit et en renforçant le gardiennage, précise Jérôme Coignard. Même si à l’époque, les vols d’œuvres d’art n’étaient pas aussi fréquents qu’aujourd’hui, le directeur du musée avait conscience d’un certain nombre de faiblesses en la matière. » L’enquête prend immédiatement une dimension nationale. Le préfet débarque, l’affaire fait les gros titres de la presse illustrée, en plein essor. « On a volé La Joconde », titrent-ils à l’unisson. Rapidement, les enquêteurs acquièrent la certitude que la toile a été dérobée la veille, lundi, jour de fermeture du musée.</p><p>Les 24 premières heures, cruciales dans ce genre d’enquête, ont ainsi été perdues. Toutefois, les policiers disposent d’un élément déterminant : une empreinte de pouce très nette sur la vitre qui protégeait la toile. Depuis 1903, la préfecture de police a commencé à recueillir les empreintes des personnes arrêtées. L’idée est novatrice mais la mise en application est balbutiante : il n’existe pas de technique de traitement automatisée et chaque fiche doit être vérifiée manuellement. Un travail titanesque.</p><p>L’empreinte est comparée à celle des 250 employés du musée. Aucune ne matche et cette option est rapidement délaissée. « Lorsque l’affaire sera résolue, on se rendra compte que le voleur avait déjà une fiche avec son empreinte à la préfecture de police », précise Jérôme Coignard.</p><h2>Apollinaire et Picasso dans le viseur</h2><p>Mais alors, qui a bien pu voler <em>La Joconde</em> ? Dans un contexte de montée des nationalismes en Europe, les journaux d’extrême droite attribuent ce vol à un « complot juif », affirment même que<em> La Joconde</em> se trouverait aux Etats-Unis. L’ambiance autour de l’enquête est délétère. Une paranoïa s’installe : une personne aperçue avec un paquet emballé devient rapidement suspecte. Le 7 septembre, la préfecture de Paris annonce une interpellation : celle du poète Guillaume Apollinaire.</p><p>Les enquêteurs s’intéressent notamment à son secrétaire particulier, Géry Pieret. Quelques années auparavant, il a volé des statuettes phéniciennes au Louvre. L’une d’elles se trouve chez Apollinaire, l’autre chez Picasso. « A l’été 1911, il a en volé une troisième. Ses proches l’ont poussé à la rendre, et cette restitution a été orchestrée et mise en scène dans un journal. La police a remonté la trace d’Apollinaire », précise l’historien. Il passera cinq jours en détention à la prison de la Santé. Picasso est également longuement entendu mais laissé libre. Rapidement, les enquêteurs s’aperçoivent que ni l’un ni l’autre ne sont liés au vol de <em>La Joconde</em>. L’enquête patine. Les enquêteurs sont persuadés qu’un tel vol n’a pu être commis que par un gang très organisé, mais toutes les pistes mènent toutes à des impasses.</p><h2>« La Joconde » disparue à jamais ?</h2><p>En février 1912, le <em>Portrait de Baldassare Castiglione</em>, de Raphaël, remplace <em>La Joconde</em> qu’on pense alors perdue à jamais. « Si l’auteur n’avait pas cherché à la revendre, on ne l’aurait jamais retrouvé », insiste Jérôme Coignon. En novembre 1913, un marchand d’art florentin est contacté par un homme souhaitant lui vendre <em>La Joconde</em>. Ce dernier explique avoir agi par patriotisme pour « restituer » l’œuvre à son pays. Le galeriste n’y croit pas vraiment, ne serait-ce parce que la toile a été achetée par François Ier à Léonard de Vinci et donc acquise totalement légalement.</p><p>Mais le vendeur insiste. « Il revient à l’Italie de récupérer<em> La Joconde</em>, j’étais humilié de voir là-bas, sur un sol étranger, cette œuvre considérée comme une conquête », écrit-il. Le marchand accepte mais prévient le directeur du musée des Offices. Le jour du rendez-vous, le mystérieux vendeur est cerné par les carabiniers. Dans la caisse qu’il transporte, c’est bien le tableau. <em>La Joconde</em>. Absolument intacte.</p><figure><img src="https://img.20mn.fr/S9M0T2-bROCAVcixSMWpsSk/960x0_media.jpg" alt="[object Object]"></figure><p>Le « vendeur » n’est autre que le voleur : Vincenzo Peruggia, un ouvrier italien qui travaille à Paris depuis quelques années comme peintre et miroitier. Il connaît bien le dédale du Louvre pour y avoir travaillé : c’est notamment lui qui a installé la vitre sur <em>La Joconde </em>et connaît donc parfaitement les fixations au mur. Il confiera n’avoir eu aucun mal à voler l’œuvre de Léonard de Vinci. Profitant d’une porte laissée ouverte, il s’est infiltré dans le musée au petit matin et est ressorti avec le tableau caché sous sa blouse. Probablement intimidé par l’écho médiatique de son méfait, Vincenzo Peruggia a gardé la toile cachée chez lui pendant près d’un an et demi.</p><p>« Il a pris grand soin de la toile, allant même jusqu’à faire une caisse en bois pour la protéger. Il n’y avait que deux petites égratignures sur le vernis lorsqu’elle a été récupérée. C’est incroyable quand on sait que ce tableau a voyagé en 3e classe entre Paris et Florence », rappelle Jérôme Coignard. Jugé en Italie, le voleur écope d’une peine clémente : un an de prison, réduit à sept mois. Ses avocats ont plaidé le patriotisme et la « simplicité d’esprit ». <em>La Joconde</em> est exposée plusieurs semaines en Italie avant de faire son retour en grande pompe à Paris le 1er janvier 1914.</p>
« On a volé La Joconde »… Comment le chef-d’œuvre de Léonard de Vinci a été dérobé au Louvre en plein jour
Published 4 hours ago
Source: 20minutes.fr
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