Municipales 2026 : Et si vous étiez tiré au sort pour rejoindre une liste ?

<p>Il brigue de nouveau le fauteuil de <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/maire">maire</a>. Après deux échecs en 2014 et 2020, Stéphane Lenfant repart en campagne <a href="https://www.20minutes.fr/municipales/">pour les municipales de 2026</a> à Noyal-sur-Vilaine, commune située à l’est de Rennes. Mais pour coucher les 29 noms qui composeront sa liste, le vice-président du conseil départemental d’<a href="https://www.20minutes.fr/dossier/ille_et_vilaine">Ille-et-Vilaine</a> a décidé d’innover en réservant dix places à des habitants de la commune <a href="https://www.20minutes.fr/sport/tirage_au_sort/">tirés au sort</a>. « On retrouve souvent sur les listes des personnes du même cercle d’affinités, souligne l’élu de gauche. On veut cette fois l’élargir pour qu’elle soit la plus diverse et représentative possible en proposant à des personnes qui sont éloignées de la vie politique locale ou qui ne se sentent pas légitimes de s’engager de nous rejoindre. »</p><p>Ces dernières semaines, 200 habitants de Noyal-sur-Vilaine inscrits sur les listes électorales ont ainsi reçu un courrier leur indiquant qu’ils avaient été tirés au sort. Une réunion s’est également tenue cette semaine pour leur expliquer la démarche. « On les recontactera en début d’année pour voir s’ils veulent faire partie de la liste mais on ne les force pas, on veut qu’ils fassent un choix éclairé », assure l’élu de gauche, qui constate un désintérêt croissant des citoyens pour la démocratie locale. « C’est plus difficile désormais de mobiliser les gens, indique Stéphane Lenfant. Beaucoup sont écœurés <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4171981-20250909-chute-gouvernement-impasse-revers-bazar-pensent-medias-etrangers-crise-politique-france">par le contexte politique national</a> et cela a des répercussions à l’échelle locale. Ce principe de tirage au sort est une façon de réparer un peu ce malaise. On verra si cela fonctionne mais au moins on tente quelque chose. »</p><h2>Une méthode déjà utilisée par Macron ou Villani</h2><p>Innovante, la démarche du candidat breton n’est pas inédite. Lors de la campagne de 2020 pour les municipales de 2020 à Paris, le candidat dissident LREM Cédric Villani <a href="https://www.20minutes.fr/municipales/2711043-20200204-municipales-2020-paris-equipe-cedric-villani-presente-48-colistiers-tires-sort">avait réservé 48 places sur ses listes à des citoyens tirés au sort</a>. Plusieurs listes participatives et citoyennes en avaient également fait de même un peu partout dans le pays et réussi à placer des novices en politique au sein des conseils municipaux. Après la crise des « <a href="https://www.20minutes.fr/societe/gilets-jaunes/">gilets jaunes</a> », Emmanuel Macron avait aussi usé du tirage au sort lors du grand débat national lancé en 2019 et il a depuis <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4006997-20221025-fin-vie-tout-savoir-tirage-sort-convention-citoyenne">poursuivi cette méthode pour les conventions citoyennes</a> pour le climat, sur la fin de vie et plus récemment sur les temps de l’enfant.</p><figure><iframe title="Comment les maires réinventent-ils le coeur de ville ?" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/xr0sqlk/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><p>Dans une France profondément fracturée et atterrée par le triste spectacle offert par la classe politique ces derniers mois, le tirage au sort peut-il alors sauver et redonner du souffle à la démocratie locale ? « Ce n’est pas la solution miracle mais c’est un outil de mobilisation intéressant pour impliquer les citoyens, notamment les plus éloignés », souligne Thomas Simon.</p><h2>« Ouvrir notre liste à des profils différents »</h2><p>Le cofondateur <a href="https://www.frequencecommune.fr/">de Fréquence Commune</a>, coopérative qui conseille les collectifs souhaitant monter une liste participative et citoyenne, a d’ailleurs mis en place avec ses équipes une nouvelle méthode de tirage au sort. « On peut se baser sur les listes électorales mais on ne touche pas alors toutes les personnes qui sont inscrites, assure-t-il. On peut aussi le faire avec des instituts de sondage mais ça coûte cher. On a donc développé une application qui génère aléatoirement un panel d’adresses parmi toutes celles de la commune et une fois la liste en poche, on fait du porte à porte. »</p><p>Une méthode utilisée par <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/angouleme">Angoulême</a> Collectif, qui présentera une liste aux municipales, pour tirer au sort ses futurs colistiers. « On est parti du constat qu’on avait tous au sein du collectif plus ou moins le même bagage social à savoir qu’on est tous de la classe moyenne, plutôt bobo et de gauche, témoigne Céleste. On voulait donc ouvrir notre liste à des profils différents pour permettre au plus grand nombre de s’exprimer. »</p><h2>Angoulême Collectif n’a recruté qu’une seule colistière</h2><p>Juste avant l’été, les militants d’<a href="https://angoulemecollectif.fr/">Angoulême Collectif</a> ont donc tapé aux portes des 350 foyers tirés au sort pour leur expliquer la démarche. Avec des réactions pour le moins contrastées. « Certaines personnes étaient intéressées mais on a aussi eu le droit à des portes claquées au nez ou à des échanges avec des gens pas vraiment du même bord, se souvient la membre du collectif. Mais c’est le jeu et cela nous a permis de dialoguer avec des habitants que l’on aurait jamais rencontrés autrement. » Six mois plus tard, le bilan de l’expérience est pourtant assez mitigé. Sur les 350 personnes tirées au sort, seule une a accepté de rejoindre la liste. Bien loin de l’objectif de départ d’en attirer une dizaine.</p><figure> </figure><figure><a href="https://www.20minutes.fr/municipales/">Notre dossier sur les municipales 2026</a></figure><p>« On a vu les limites de l’exercice et tous les freins qu’il y a aussi à s’engager comme le manque de temps ou d’envie, poursuit Céleste. Même si cela n’a pas fonctionné comme on l’aurait souhaité, on a au moins tenté et on se devait de le faire. » Angoulême Collectif n’a pas pour autant abandonné l’idée d’attirer des personnes extérieures sur sa liste avec huit places qui leur sont encore réservées. « Mais cette fois, cela ne se fera pas par un tirage au sort mais plutôt sur un principe de cooptation », précise la bénévole. En politique comme ailleurs, on ne gagne donc pas à tous les coups au tirage au sort.</p>