Guerre en Ukraine : Pourquoi la Belgique ne veut pas débloquer les avoirs russes pour financer le conflit ?

Published 2 hours ago
Source: 20minutes.fr
Guerre en Ukraine : Pourquoi la Belgique ne veut pas débloquer les avoirs russes pour financer le conflit ?
<p>La question est simple, la réponse un casse-tête. Comment financer <a href="https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/">la guerre en Ukraine</a> alors que le pays sera à court d’argent d’ici la fin du premier trimestre 2026 ? <a href="https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/4187319-20251123-guerre-ukraine-alors-kiev-pression-trump-semble-finalement-pret-negocier-plan">Donald Trump martèle depuis des semaines qu’il ne faudra pas compter sur les États-Unis</a>. Reste donc l’Union Européenne. Les 27 se sont engagés à poursuivre leur soutien, au moins pendant les deux prochaines années, pour un montant estimé à environ 137 milliards d’euros.</p><p>Deux options s’offrent dès lors aux dirigeants des Etats membres, réunis en sommet ce jeudi et vendredi : emprunter de l’argent conjointement - ce que refusent catégoriquement plusieurs pays, France et Allemagne en tête, afin de ne pas accroître leur déficit – ou <a href="https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/4181318-20251024-guerre-ukraine-union-europeenne-veut-utiliser-avoirs-russes-soutenir-kiev">utiliser les avoirs russes gelés pour émettre un prêt à taux zéro</a>. Cette option inédite a l’avantage de ne rien coûter au contribuable européen et coupe l’herbe sous le pied des Américains qui lorgnent sur ces avoirs. Dans le <a href="https://www.20minutes.fr/monde/etats-unis/4180798-20251022-guerre-ukraine-rencontre-hongrie-reportee-trump-veut-perte-temps-poutine">plan présenté fin novembre par le gouvernement Trump pour mettre fin au conflit</a>, une clause prévoyait le versement de 300 milliards d’avoirs russes aux Etats-Unis. « Symboliquement, mettre les fonds hors de portée de Washington est un signal fort envoyé par les <a href="https://www.20minutes.fr/monde/ukraine/4192075-20251217-guerre-ukraine-poutine-fanfaronne-zelensky-inquiete-trump-met-pression-europeens">Européens qui veulent avoir leur place à la table des négociations</a> », analyse l’économiste Agathe Demarais, directrice du programme géoéconomie et technologie au Conseil Européen pour les relations internationales.</p><figure><iframe title="Critiqué par Donald Trump, Volodymyr Zelensky se dit « prêt » à organiser une élection présidentielle" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/3sufqmf/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><h2>70 % des avoirs russes en Belgique</h2><p>Si cette solution a rencontré un large consensus au sein de l’UE, elle fait face à une opposition de taille : celle de la Belgique. Or, près de 70 % des avoirs de la banque centrale russe immobilisés à la suite de l’invasion de l’Ukraine (environ 210 milliards d’euros) se trouvent aux mains de la société Euroclear, basée à Bruxelles. « C’est une institution dans laquelle les avoirs sont stockés de manière électronique lorsqu’il y a des opérations financières, on peut le voir comme une forme de coffre-fort », précise Agathe Demarais.</p><p>L’opposition ne se situe pas sur un plan idéologique comme peut l’être celle de la Hongrie – proche du Kremlin – mais purement pratique : Bruxelles ne veut pas assumer seule les risques si Moscou intentait un procès pour récupérer ses avoirs. « Puisque Euroclear est une institution belge, si elle devait rembourser les avoirs, ce serait à l’État de recapitaliser », précise l’économiste pour expliquer la fronde du gouvernement. Le plat pays veut non seulement s’assurer que les 27 se montrent solidaires en cas de décision de justice favorable à Moscou, mais aussi que cette mutualisation couvre également les risques en cas de représailles russes contre ses intérêts.</p><p>Or sur ce point, les négociations achoppent : les partenaires de la Belgique estiment que ce risque est impossible à calculer. L’Allemagne a ainsi promis 50 milliards d’euros en garantie - soit une part proportionnelle à son poids économique - mais rechigne à aller au-delà. Au grand dam de Bruxelles. « La Belgique continue à demander que l’Union européenne et non la Belgique seule, assume la pleine responsabilité financière pour l’ensemble du risque, qui reste inconnu à ce jour », a encore déploré ce jeudi matin Bart De Wever, le premier ministre belge.</p><h2>Et la France ?</h2><p>Autre condition posée par la Belgique : la question de l’instantanéité. Euroclear estime qu’elle doit pouvoir disposer de toute la liquidité nécessaire pour faire face très rapidement à une demande de remboursement. « La Belgique cherche à obtenir le maximum de garantie si cette disposition venait à être adoptée », insiste Agathe Demarais. La Commission européenne a d’ores et déjà proposé de fournir un prêt aux Etats membres qui auraient des difficultés à mobiliser l’argent de leur garantie. Elle est également prête à émettre une reconnaissance de dette, qui pourrait être utilisée par Euroclear.</p><p>Si Bruxelles abrite la grande majorité des avoirs russes, d’autres pays en hébergent également. La Belgique réclame donc que ces derniers soient également mobilisés. « Tout le monde doit sauter », a insisté ce jeudi Bart De Wever. Dans son viseur : la France. Quelque 18 milliards d’avoirs russes dorment dans des banques privées de l’Hexagone. Jusqu’à présent, Paris faisait la sourde oreille. Mais ce jeudi, le chef du gouvernement belge a indiqué que des « progrès » avaient été réalisés sur ce point.</p><figure> </figure><p>La présidente de la Commission européenne Ursula a promis jeudi que les dirigeants des Etats membres ne quitteraient pas le sommet sans accord pour financer l’Ukraine.</p>