<p>On lui a volé son enfance, son adolescence, et sans doute toute sa vie. Marlène * fait partie des très nombreuses victimes de Joël Le Scouarnec, <a href="https://www.20minutes.fr/justice/4155913-20250528-proces-scouarnec-loi-prive-soulagement-victimes-effondrees-apres-verdict">condamné à vingt ans de prison en mai</a> dernier. Quand elle avait 13 ans, celle qui n’était encore qu’une enfant a été violée par l’ancien chirurgien alors qu’elle était endormie. Elle <a href="https://www.20minutes.fr/justice/4148683-20250415-proces-scouarnec-possible-savoir-savoir-souvenirs-victimes-peuvent-souffrir">ne s’en souvient pas</a>. Mais son corps si. Car depuis ces faits, elle a plongé : dépression, hospitalisation, privation de nourriture. Ado, elle fait des cauchemars en permanence, ne parvient pas à vivre normalement et va jusqu’aux <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/tentative_de_suicide">tentatives de suicide</a>. Elle prend beaucoup de médicaments « pour tenter de survivre », puis tombe dans la drogue et atterrit en foyer.</p><p>Devant la cour criminelle du Morbihan, lors du procès, Marlène avait osé parler de ses souffrances, mais aussi de son enfance torturée. « Je sais aujourd’hui que je ne suis pas folle. L’accusé ne m’a pas seulement violée, <a href="https://www.20minutes.fr/justice/4145286-20250326-proces-scouarnec-si-compris-plus-tot-peut-etre-victime-rongee-remords">il a aussi volé ma mémoire</a> et brisé ma jeunesse », avait-elle déclaré. Pourra-t-elle obtenir réparation pour cette enfance envolée ? C’est ce que réclament plusieurs avocates de parties civiles. Et la cour criminelle du Morbihan les a entendues.</p><figure><iframe title="Procès Le Scouarnec : Vingt ans de prison pour l’ancien chirurgien aux 299 victimes" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/xfzm3vk/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><p>Le 12 décembre, la juridiction de Vannes a rendu ses premiers arrêts concernant les demandes d’indemnisations des victimes. Elle a notamment demandé aux médecins qui seront chargés des expertises d’analyser le fameux « préjudice juvénile ». « Cela veut dire qu’ils devront évaluer si les victimes ont été privées des agréments de leur jeunesse », résume Me Louise Aubret-Lebas.</p><h2>« Ce n’est pas une jeunesse normale »</h2><p>L’avocate de Vannes, qui défend plusieurs victimes, estime que ses clients ont vécu « quelque chose de particulier » qui va au-delà des notions de « souffrances endurées » et du « déficit fonctionnel temporaire » traditionnellement indemnisées. « Ce n’est pas une jeunesse normale. C’est une jeunesse abîmée. Les victimes, qu’elles se souviennent des faits ou non, elles ont quelque chose en elles qui a été détruit. L’enfance est une période d’insouciance, où chacun se construit. Là, tout a été bouleversé ».</p><figure><img src="https://img.20mn.fr/30fT0lwKROOp11rbPdoKrik/960x0_media.jpg" alt="AP22939678_000023"></figure><p>La reconnaissance d’un préjudice juvénile ne constituerait pas une première dans l’histoire du droit français. Cette notion avait en effet déjà été abordée en 1959 mais n’avait plus refait surface depuis une décision du tribunal judiciaire de Béthune en mars 2025, rappelle Me Caroline Derême dans <a href="https://www.village-justice.com/articles/reconnaissance-nouveau-poste-prejudice-prejudice-juvenile,53160.html">un article consacré à ce préjudice singulier</a>.</p><p>En le plaidant lors d’un procès aussi emblématique que celui de Joël Le Scouarnec, Me Louise Aubret-Lebas avait espoir qu’il fasse jurisprudence et puisse servir à d’autres victimes. L’occasion aussi de rappeler que la parole des plus jeunes n’est pas toujours bien entendue par la justice. « On a plus de mal à bien indemniser les enfants », reconnaît l’avocate spécialisée en droit du dommage corporel. Pour un adulte, on pourra plus facilement évaluer une baisse de salaire, une perte d’emploi ou des dépenses de soins. Mais pour un enfant ?</p><figure><a href="https://www.20minutes.fr/justice/joel-scouarnec/">Notre dossier sur l'affaire Le Scouarnec</a></figure><p>Au côté de sa consœur Me Cécile Bigre, l’avocate bretonne avait également plaidé en faveur de <a href="https://www.20minutes.fr/justice/4183495-20251104-affaire-scouarnec-quoi-prejudice-crime-seriel-reclame-victimes-pedocriminel">la reconnaissance d’un préjudice de crime en série</a>, estimant que les victimes de Joël Le Scouarnec avaient pâti du caractère « exceptionnel » de cette procédure. Six mois après le verdict et en attendant d’éventuels autres procès, les victimes continuent de souffrir. Et la reconnaissance de ces préjudices spécifiques pourrait contribuer à les apaiser.</p><figure> </figure><p>* <em>Le prénom a été modifié</em></p>
Affaire Le Scouarnec : « Une jeunesse abîmée »… C’est quoi ce préjudice juvénile reconnu par les juges ?
Published 10 hours ago
Source: 20minutes.fr
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