« Son problème était plus grave que les miens »… Les familles « détruites » des 13 enfants agressés sexuellement

Published 8 hours ago
Source: 20minutes.fr
« Son problème était plus grave que les miens »… Les familles « détruites » des 13 enfants agressés sexuellement
<p><strong>Au tribunal correctionnel de Nantes, </strong></p><p>Beaucoup se prennent dans les bras, certains se regardent avant de prendre la parole, d’autres s’avancent main dans la main. Au deuxième jour du procès de l’ex-animateur périscolaire de Rezé (Loire-Atlantique), accusé <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/agression_sexuelle">d’agressions sexuelles</a> sur 13 enfants de maternelle entre janvier 2017 et mars 2019, les couples de parents constitués partie civile se succèdent à la barre.</p><p>L’émotion est encore vive, la colère aussi. La veille, <a href="https://www.20minutes.fr/justice/4191525-20251215-voudrais-jamais-enfants-animateur-accuse-agressions-sexuelles-13-mineurs-parle-inventions">ce prévenu hyperactif</a> qui s’était empressé d’inverser la culpabilité a été confronté aux détails sordides des faits qui lui sont reprochés. « Des bisous d’escargot », « du caca dans la bouche », « un doigt dans le tuyau des fesses ». Des actes retranscrits avec les mots des enfants que lui-même qualifie de « monstruosités » mais qu’il continue de nier plus de six ans après sa mise en examen, plus de 24 heures après le début du procès.</p><figure><iframe title="Violences sexuelles à l'école : que contient le plan d'action d'urgence ?" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/33xmrp5/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><h2>« Pourquoi je n’ai pas vu tout ça ? »</h2><p>« Je m’en veux », répètent une partie des <a href="https://www.20minutes.fr/justice/4191190-20251214-nantes-animateur-personne-voyait-jamais-juge-agressions-sexuelles-13-enfants">parents des présumées victimes</a>. L’un d’entre eux regrette de ne pas avoir reconnu un comportement dangereux plus tôt. Une autre a le sentiment d’avoir « poussé » cet homme « dans l’école d’à côté » après avoir dénoncé le baiser imposé à sa fille derrière le grillage de l’école Ouche-Dinier, premier établissement où le prévenu a travaillé.</p><p>Une culpabilité que ressentent aussi d’autres membres des familles. Quand elle a entendu le mot « secret » dans la bouche de sa petite-fille, cette ancienne Atsem du Chêne-Creux s’est raidie : « Je me suis dit que j’avais échoué. […] Pourquoi je n’ai pas vu tout ça ? »</p><h2>« J’ai fait comme si mes autres enfants n’existaient pas »</h2><p>Dans la parade des couples unis, il y a aussi ceux pour qui la famille s’est fragmentée. « Notre couple n’a pas surmonté cette épreuve », témoigne cette mère divorcée. Les proches retracent avec précision l’onde de choc qui s’est disséminée dans chacune des familles à l’annonce des faits. « Je suis désolée que tu aies vécu ça », prononce cette mère à sa fille aînée. « Ça », ce ne sont pas les <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4190985-20251211-metooecole-mairie-paris-etouffe-pendant-trop-longtemps-affaires-violence-enfants">agressions du prévenu</a>, mais la minimisation des répercussions sur le reste de la fratrie.</p><p>« Je n’ai jamais su ce qu’il s’était passé dans les détails », raconte cette grande sœur dos à l’audience, son témoignage n’était pas prévu. « J’ai simplement su qu’il se passait quelque chose de très compliqué, de très grave. Je savais qu’il fallait être en colère, mais pas pour quoi, j’essayais… » Elle marque une pause. « De contrebalancer et d’être joyeuse ? » suggère la présidente. « De comprendre mes parents. Je trouvais que le problème de ma sœur était plus grave que les miens, je n’avais pas le droit de me plaindre. »</p><p>Une attitude que Me Grimaud, avocate de dix des familles, repère chez la majorité de ses clients. « Pour plusieurs d’entre eux, on constate une déportation de toute l’attention sur l’enfant concerné au détriment du reste de la fratrie », indique l’avocate à <em>20 Minutes</em>. « Ma fille venait de lancer une bombe alors j’ai fait comme si mes autres enfants n’existaient pas », lâche dans un sanglot la mère d’une des enfants. « Cette histoire a détruit notre famille », plaide une autre partie civile.</p><h2>Symptômes post-traumatiques</h2><p>Cette destruction, les familles qui témoignent à la barre disent la subir de plein fouet encore aujourd’hui. « Au collège, c’est difficile, racontent des parents en milieu d’après-midi, Pour notre fille, c’est très compliqué de se mettre en tenue de sport dans les vestiaires. » D’autres ont constaté un « comportement hypersexualisé » chez leur fille qui, depuis, a été sujette à une <a href="https://www.20minutes.fr/sante/2456635-20190225-pubertes-precoces-reellement-augmentation-cas-france-faut-inquieter">puberté précoce</a>. « Il fallait occuper ses pensées autrement pour stopper le développement d’hormones, alors j’ai acheté un chien, je l’ai inscrite à la gym, je l’ai changé d’école », assène sa mère.</p><figure> </figure><figure><a href="https://www.20minutes.fr/societe/violences-sur-mineurs/">Notre dossier sur les violences sur mineurs</a></figure><p>A l’approche du jugement, la quasi-totalité des parents déplorent le retour des cauchemars, des crises de vomissement, de colère ou <a href="https://www.20minutes.fr/sante/anxiete/">d’angoisse</a> chez leurs enfants. Mais c’est un autre point qui fait l’unanimité. Tous n’ont qu’une volonté : qu’à l’issue du procès, leurs enfants soient reconnus victimes, ils seront fixés le 22 janvier. </p>