« Je n’en voudrais jamais aux enfants »… L’animateur accusé d’agressions sexuelles sur 13 mineurs parle d'« inventions »

<p>C’est un profil « bavard », « vulnérable », « un peu grand enfant » qui est présenté à la barre du tribunal correctionnel de <a href="https://www.20minutes.fr/nantes/">Nantes</a> lundi matin. L’homme de 60 ans – 61 dans deux jours – est accusé <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/agression_sexuelle">d’agressions sexuelles</a> sur 13 enfants de maternelle à Rezé (Loire-Atlantique) entre janvier 2017 et mars 2019. Les victimes, elles, n’avaient pas plus de 5 ans et demi.</p><p>Là est toute l’ambivalence du débat. D’un côté, un sexagénaire sûr de lui, impulsif. De l’autre, le calme des parents constitués partie civile. L’une d’entre eux a les doigts serrés sur la photo de sa fille, quelques années à peine. Une autre reste figée, mains sur la bouche. Difficile pour l’audience de rester insensible aux propos de cet ex-employé de périscolaire qui oscille entre sanglots et haussement de voix, coupe la parole aux avocats et à la présidente.</p><figure><iframe title="Violences sexuelles à l'école : que contient le plan d'action d'urgence ?" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/33xmrp5/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><h2>« Je n’en voudrais jamais à ces enfants »</h2><p>« Je ne suis pas un <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/pedophilie">pédophile</a> », lâche le prévenu après quatre heures d’audience. Toute la matinée, le sexagénaire peu adroit, qui engloutit des litres d’eau et ne tient pas en place, conteste les faits qui lui sont reprochés. « Jamais je n’ai fait quoi que ce soit à un enfant », assure-t-il. Pourtant les accusations sont lourdes, et similaires : des caresses sur les fesses, des « guilis » sur le clitoris, de l’exhibition…</p><p>« Je n’en voudrais jamais à ces enfants, lance l’individu sous les regards ahuris des parents. On a tous été enfant, moi-même j’ai pu inventer des choses à cet âge. » <a href="https://www.20minutes.fr/justice/4191190-20251214-nantes-animateur-personne-voyait-jamais-juge-agressions-sexuelles-13-enfants">Me Grimaud, représentante de dix familles, l’avait pressenti</a>, à chaque prise de parole de l’ancien animateur, c’est celle des enfants qui est remise en cause. « Ces choses qu’ils disent avoir subies, il se peut qu’elles viennent d’autres personnes », se défend le prévenu. « Si les 13 enfants ont tous été agressés par un tiers, vous n’avez vraiment pas de chance, lance le procureur de la République. On a le sentiment que vous êtes la victime de la procédure. »</p><h2>Besoin d’affection</h2><p>Le prévenu se présente comme un homme « hypersensible » en « quête d’affection ». Lui aussi « a eu des souffrances », martèle-t-il. Une mère décédée « au cours d’un avortement clandestin », des problèmes de santé quand il était en bas âge… Un détail semble lui échapper, Me Grimaud se charge d’une piqûre de rappel. « Pouvez-vous nous parler de votre premier amour ? » L’avocate fait ici référence à une relation que le sexagénaire aurait entretenue au cours de son service militaire. « Vous aviez 21 ans, elle 14 », appuie cette dernière. Une jeune fille avec laquelle il affirme ne jamais avoir eu de <a href="https://www.20minutes.fr/sante/4187057-20251122-seine-saint-denis-cree-guide-pratique-reperer-violences-sexuelles-encontre-enfants">rapports sexuels</a>.</p><p>Depuis 2013, ce sont des problèmes de dos qui empêchent tout rapport sexuel entre le prévenu et son actuelle épouse. Ces mêmes problèmes de dos seraient à l’origine de sa réorientation professionnelle. Mais une incohérence réside, « pourquoi avoir accepté un poste d’animateur avec de jeunes enfants alors que votre état de santé ne le permet pas ? », souligne la présidente. Le prévenu n’avait jusqu’alors jamais travaillé avec des mineurs.</p><h2>Une proximité reprochée</h2><p>Si les résultats des expertises psychologiques écartent un potentiel lien entre sexualité et manque d’affection, elles mettent en évidence « une part infantile vive qui demeure encore à l’âge adulte » chez l’homme de 60 ans qui dit « adorer les enfants » mais aussi les adultes.</p><p>Questionné sur sa proximité « reprochée » avec les enfants du <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4190985-20251211-metooecole-mairie-paris-etouffe-pendant-trop-longtemps-affaires-violence-enfants">périscolaire</a> du Chêne-Creux, il répond. « Oui, il m’est arrivé d’avoir des enfants sur les genoux ou de leur toucher les cheveux pour leur dire bonjour. Mais ce sont les enfants qui viennent à vous. Ils courraient vers moi, ils étaient sur moi, ils me touchaient », se défend-il maladroitement suscitant l’agitation des parents.</p><figure><a href="https://www.20minutes.fr/societe/violences-sur-mineurs/">Notre dossier sur les violences sur mineurs</a></figure><p>Dans cette affaire, vingt-deux <a href="https://www.20minutes.fr/justice/4191274-20251212-paris-mere-enfant-tondu-foyer-porte-plainte">signalements</a> ont été adressés au procureur de la République en 2019. Quatorze ont fait l’objet d’une instruction. Treize ont été retenus par la justice. Neuf filles, quatre garçons. Ce mardi, les parties civiles seront entendues.</p>