« Près de 500 euros par an »… Le ras-le-bol des enseignants qui payent de leur poche les fournitures de leurs classes

<p>A l’approche de <a href="https://www.20minutes.fr/consommation/4190783-20251210-foie-gras-chocolats-poisson-attention-arnaques-noel-epinglees-foodwatch">Noël</a>, dans l’une des nombreuses classes de CP parisiennes, les écoliers réalisent des étoiles avec du fil chenille, un petit fil métallique pourvu de poils en polyester. Mais ce n’est pas l’école qui a fourni ou payé le matériel, c’est l’enseignant qui s’est rendu dans un magasin Action, et a payé de sa poche. Un achat de quelques euros multiplié par le nombre d’écoliers, années après années.</p><figure><iframe title="Fausses promotions : les conseils pour les repérer !" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/3xrrs0f/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><p>La pratique est très répandue parmi les enseignants. Selon un sondage publié en janvier, <a href="https://chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://www.catalogue.education/wp-content/uploads/2025/01/Barometre2024.pdf">92,2 % des enseignants du premier degré</a> (maternelle et élémentaire) déclarent utiliser leur propre argent pour acheter des fournitures ou des ressources pédagogiques complémentaires pour leurs classes. Et de petites sommes en petites sommes, la facture devient, <em>in fine</em>, importante : la dépense annuelle moyenne d’un enseignant au profit de ses élèves s’élèverait à 297 euros, selon cette enquête.</p><h2>« Cet argent, je l’ai mis dans ma classe, pas pour payer mes factures »</h2><p>Parfois, la facture grimpe encore. « J’ai fait les comptes à la fin de l’année scolaire : j’ai dépensé près de 500 euros entre le matériel créatif, les jeux, les méthodes et les cahiers, témoigne Corinne, enseignante de primaire près de Sedan (<a href="https://www.20minutes.fr/dossier/ardennes">Ardennes</a>). Sauf que cet argent, je l’ai mis dans ma classe, pas pour payer mes factures. A un moment, ça coince. »</p><p>Une difficulté partagée par Charlotte, enseignante de français, théâtre et cinéma en lycée à <a href="https://www.20minutes.fr/marseille/">Marseille </a>(Bouches-du-Rhône). « J’achète des fournitures et de nombreux livres, chers, pour la préparation des cours. Je fais aussi des photocopies couleur à la maison pour mes élèves, et n’hésite pas à leur donner des crayons et des cahiers. Quand j’ai eu un coup dur financier, en période de forte inflation, cela n’a pas été simple », déplore celle qui enseigne depuis une vingtaine d’années.</p><p>Sa « rancœur » tient au fait que l’argent dépensé dans le cadre de son travail « ne soit même pas une question », alors ses amis travaillant dans le privé ont des employeurs qui fournissent « agenda, stylo, cahier, ordinateur et téléphone professionnel ». Autant de « petites choses » qui lui donnent l’impression que les enseignants « sont assez <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4189013-20251201-marne-rectorat-rompt-contrats-plusieurs-contractuels-avant-conseils-classe">maltraités par l’institution</a> ».</p><h2>« Le jour où plus aucun enseignant ne mettra d’argent, ce sera la fin »</h2><p>Quand Muriel réfléchit à ses presque quatre décennies d’enseignement près de Poitiers (<a href="https://www.20minutes.fr/dossier/vienne-france">Vienne</a>), elle s’étonne de ne s’être jamais penchée sur la question des stylos, carnets, paquets de feuilles et clefs USB achetés, « et pourtant il y en a beaucoup », reconnaît-elle. « Cela fait tellement longtemps que ces achats personnels pour la classe sont dans les mœurs, que je n’ai jamais rien réclamé à ma direction », ajoute-t-elle. Après réflexion, la sexagénaire estime que « les enseignants plus jeunes sont plus exigeants [qu’elle], car nous faisons un métier malheureusement peu payé et encore moins valorisé ».</p><figure><a href="https://www.20minutes.fr/dossier/ecole">Notre dossier Ecole</a></figure><p>«<a href="https://www.20minutes.fr/societe/4135304-20250124-education-nationale-pourquoi-92-enseignants-depensent-300-euros-an-classe"> Nous avons trop normalisé de dépenser notre argent</a>, il faut en parler, il faut que ça change, expliquait à<em> 20 Minutes</em> Jean-François Gerrero, professeur des écoles et représentant syndical à l’Unsa Education dans la région de Béziers. Car le jour où plus aucun enseignant ne mettra d’argent [personnel] dedans, ce sera la fin de l’école publique. »</p>