« Le but c’est de faire ch*** »… C’est quoi cette application obligatoire pour la pêche en mer ?

<p>Elle s’appelle « REC Fishing » pour « recreational fishing ». Officiellement, on pourrait le traduire par « pêche récréative » mais aussi par « enregistrement de pêche ». Mise en place par la Commission européenne, cette application fait rager de très nombreux pêcheurs en mer. Car à compter du 10 janvier, <a href="https://www.ouest-france.fr/mer/peche/info-ouest-france-des-le-10-janvier-2026-il-faudra-declarer-les-poissons-peches-pour-le-loisir-ee721636-94ad-11f0-ba23-92c6f4a2bc09">elle leur imposera de se déclarer individuellement</a> dès 16 ans, mais aussi de déclarer chacune de leur sortie. Il faudra également enregistrer chacune des prises réalisées si <a href="https://www.mer.gouv.fr/peche-de-loisir-en-mer">elle concerne une des espèces jugées « sensibles »</a>. Et ça, ça ne passe pas. Mais alors, vraiment pas, dans les rangs des nombreux adeptes de la pêche récréative.</p><p>L’idée affichée par l’Europe est pourtant louable : « Lutter <a href="https://www.20minutes.fr/planete/environnement/4119462-20241107-comment-vaincre-fleau-peche-illegale">contre les pratiques illégales</a> et protéger les ressources marines. » Pour les préserver, la Commission européenne a voulu faire un état des lieux de l’impact de la pêche récréative sur la ressource de poissons. En France, il est obligatoire d’acheter une carte si l’on souhaite pêcher en eau douce. Mais pour la pêche en mer, il n’y a aucune obligation, chacun étant libre de faire ce qu’il veut, à condition de respecter la taille légale des captures. Est-ce que certains en abusent ? Sans doute.</p><figure><iframe title="Vos boîtes de conserves de thon sont contaminées au mercure " width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/x8xzqfu/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><p>Les contrôles sont si peu nombreux, faute de moyens humains, qu’ils ne risquent pas grand-chose. Mais dans la grande majorité des cas, les pêcheurs de loisirs lancent plutôt leur ligne par plaisir avec la seule ambition de passer un bon moment. Et l’éventuelle récompense de lever un peu de poisson. Combien sont-ils ? « Sans doute autour de trois millions. Mais c’est difficile à dire. D’autant que certains ne sortent qu’une fois dans l’année », explique Patrick Valdivia.</p><h2>Comment les anciens vont-ils faire ?</h2><p>Guide de pêche au Canet-en-Roussillon, il fait partie de ceux qui s’opposent ouvertement à cette nouvelle application. « La pêche est un loisir populaire. Et là, on vient nous rajouter des normes. Je ne les conteste pas quand elles sont utiles. Mais là, elles sont absurdes. » Celui qui est aussi cofondateur du Collectif des pêcheurs récréatifs (Copere) a déposé un recours et ne décolère pas. « Mon père, il a 90 ans. On fait comment pour nos aînés ? Il n’y a aucune alternative. » Il n’est pas le seul. Sur les réseaux des adeptes de la pêche en mer, les messages hostiles à REC Fishing sont quotidiens. « Le but c’est de faire ch*** les pêcheurs », balance François-José. « Ne déclarons rien, pêchons pour le plaisir en respectant ce trésor qu’est la mer », enchaîne Jean-François. Des messages comme ceux-là, on en trouve à la pelle.</p><figure><img src="https://img.20mn.fr/l67bAVGzQvi4-a4Zs4b2RCk/960x0_media.jpg" alt="[object Object]"></figure><p>Au-delà de la désagréable impression de flicage, les pêcheurs ne comprennent pas que les autorités ne soient pas plus fermes avec la pêche professionnelle, s’en prenant notamment aux « bateaux-usines qui vident les océans ». « Les normes n’amènent rien si elles ne sont pas contrôlées. En Méditerranée, on doit déjà <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4155738-20250527-marseille-pres-400-kg-thons-rouges-peches-illegalement-donnes-lycee-hotelier">déclarer les prises de thon rouge</a>. Mais qu’est-ce que ça a changé ? Quel impact a notre pêche sur ses populations ? On ne nous a jamais rien dit. A quoi ça sert d’avoir de la data si ça reste caché. C’est juste un moyen de restreindre les accès des pêcheurs, sans pour autant freiner les braconniers », assure Patrick Valdivia.</p><h2>Pas de permis payant</h2><p>Le pêcheur s’étonne aussi de la liste des espèces concernées par cette déclaration. Il faudra ainsi identifier, mesurer et photographier chaque bar, chaque lieu jaune, chaque thon rouge, chaque dorade rose et chaque dorade coryphène capturée. « Mais rien sur le maquereau. Alors que l’on sait que sa ressource s’affaiblit », poursuit le guide de pêche. Selon lui, de nombreux petits bateaux de plaisance ont été mis en vente depuis l’annonce de cette obligation. Si les pêcheurs se plaignent de cette application, ils peuvent néanmoins se consoler en pensant que ce dispositif leur a sans doute évité la mise en place d’un permis payant.</p>