Daesh : Une deuxième « revenante » française de Syrie condamnée à dix ans de réclusion

Published 6 hours ago
Source: 20minutes.fr
Daesh : Une deuxième « revenante » française de Syrie condamnée à dix ans de réclusion
<p>C’était la <a href="https://www.20minutes.fr/justice/4191697-20251216-daesh-francaise-revenante-syrie-condamnee-8-ans-prison">deuxième Française</a> rapatriée des camps du nord-est syrien à être jugée devant la cour d’assises spéciale à Paris. Carole Sun a été reconnue coupable d’association de malfaiteurs terroriste au terme de trois jours de procès et condamnée jeudi à dix ans de réclusion.</p><p>Partie pour la <a href="https://www.20minutes.fr/monde/syrie/">Syrie</a> en juillet 2014 à 18 ans avec son frère, d’un an son aîné, elle avait été arrêtée en décembre 2017 par les <a href="https://www.20minutes.fr/monde/3221931-20220123-syrie-123-morts-4-jours-entre-forces-kurdes-djihadistes">forces kurdes</a> alors qu’elle descendait le long de l’Euphrate au moment de la débâcle du groupe <a href="https://www.20minutes.fr/monde/syrie/4128623-20241212-syrie-decime-territorialement-reduit-materiellement-menace-represente-etat-islamique-pays">État islamique</a> (EI).</p><figure><iframe title="« Ma mère a volé ma vie» : emmenée contre son gré en Syrie alors qu'elle avait 15 ans , Sana raconte" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/33zpfku/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><p>Des figures féminines du djihad figuraient aussi dans le convoi, dont <a href="https://www.20minutes.fr/societe/4180637-20251021-bretonne-emilie-konig-egerie-etat-islamique-renvoyee-devant-assises-speciales">Émilie König</a>. Carole Sun, aujourd’hui âgée de 30 ans, est revenue en France le 5 juillet 2022 lors du premier rapatriement massif d’enfants et de leurs mères depuis la chute en 2019 du « califat ».</p><h2>Cohabitation avec des combattants « médiatisés »</h2><p>Elle s’est radicalisée sur les réseaux sociaux et présente son départ comme un « colmatage » de failles provoquées par des évènements traumatiques, dont un viol collectif lorsqu’elle a 14 ans.</p><p>Sur zone, l’accusée, issue d’une famille de tradition chrétienne, côtoie « des personnes extrêmement médiatisées », « connues pour leurs exactions cruelles » ou combattant dans des unités qui compteront dans leurs rangs des assaillants des attentats du <a href="https://www.20minutes.fr/societe/attentats-13-novembre/">13-Novembre 2015</a>.</p><p>Parmi ces figures, Salaheddine Guitone, un Français propagandiste notoire. Rencontré sur Facebook, dès son arrivée, leur mariage est scellé. Il durera une dizaine de jours, car il meurt au combat. En secondes noces, Carole Sun épouse un membre de l’Amni - le service de renseignements de l’EI - un homme qui, comme elle l’écrit à sa mère, « bute les traîtres ». Il se trouve aujourd’hui incarcéré en Irak.</p><h2>Bébé et semi-automatique sur les genoux</h2><p>Quand le président interroge l’accusée sur un cliché montrant son bébé un pistolet semi-automatique sur les genoux, elle « ne [se] l’explique pas » : « c’est juste que j’étais dedans [l’idéologie], ça m’empêchait de voir que c’était grave ».</p><p>Quand son frère lui livre des récits de ses activités sanglantes : « je me suis pas offusquée », et les violences, « je pensais pas que ça serait aussi dur à voir », dit-elle encore, avant de lâcher après plusieurs heures d’interrogatoire que « la vérité, c’était l’État islamique et je fermais les yeux sur les exactions ». Elle reconnaît « avoir intégré les codes de l’EI » et « contribué à sa propagande ».</p><h2>Les camps syriens, une « jungle », un « enfer »</h2><p>A l’audience, elle a raconté les plus de quatre années passées avec ses deux enfants dans les <a href="https://www.20minutes.fr/monde/4173367-20250916-djihad-france-rapatrie-dix-enfants-trois-femmes-depuis-camps-syrie">camps syriens de déplacés et djihadistes présumés</a>. Plus que l’extrême chaleur estivale dans le désert, les maladies ou la précarité, « le plus dur », affirme-t-elle, est « la population qui fait peur ».</p><figure><a href="https://www.20minutes.fr/dossier/djihadisme">Notre dossier sur le djihadisme</a></figure><p>« C’est comme une jungle, un enfer » jonché de « rumeurs », de « peurs » et de femmes « extrêmement extrêmes », partisanes de l’excommunication. S’y déroule « une guerre de mœurs, même au niveau des enfants ».</p><p>Elle décrit deux groupes à l’état d’esprit distinct : celles « d’avant Baghouz », « celles d’après », en référence à l’ultime bastion de l’EI tombé en 2019. « On est à l’affût ». Plusieurs Françaises ont témoigné qu’elle restait une « pro-Daesh », ce dont elle s’est défendue.</p>