Mort de Brigitte Bardot : Ses adieux au cinéma et son combat pour les animaux

Published 3 hours ago
Source: 20minutes.fr
Mort de Brigitte Bardot : Ses adieux au cinéma et son combat pour les animaux
<p>À l’approche de la quarantaine, <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/brigitte_bardot">Brigitte Bardot</a> n’en peut plus d’être B.B. ! Sur le tournage de <em>Colinot trousse-chemise</em> de Nina Companeez dans le Périgord, l’actrice sauve le 6 juin 1973 une petite chèvre vouée à la mort. C’est le déclic.</p><p>Lors du dîner de fin de tournage avec l’équipe et quelques journalistes de <em>France Soir</em>, elle décrète que ce film sera le dernier. « J’arrête le cinéma, c’est fini, ce film est le dernier, j’en ai marre », le scoop de France Soir fait le tour du monde en un éclair.</p><p>Après vingt ans de carrière et près de cinquante films, Brigitte Bardot, âgée de 38 ans, décide de consacrer sa vie à la protection des animaux. « Il faut laisser de soi une belle image, quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent », confiera-t-elle en 1981 à l’écrivain Hervé Guibert dans <em>Le Monde</em>.</p><p>Brigitte Bardot ne reviendra jamais sur sa décision : « C’est très dur d’arrêter le cinéma quand on s’appelle Brigitte Bardot. Il faut une volonté farouche pour ne pas recommencer. […] Je devais apporter aux autres, aux animaux, ce que l’on m’avait offert toute ma vie », expliquera-t-elle au <em><a href="https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2021/08/13/bardot-l-adieu-au-cinema-le-combat-pour-les-animaux_6091378_3451060.html">Monde</a></em> en 2021.</p><p>Son faible pour les animaux ne date pas d’hier. « J’aimerais vivre à la campagne, dans une ferme, et élever des animaux sans jamais les tuer. J’en ferai le refuge de toutes les pauvres bêtes de la région », confie Brigitte Bardot en 1955 à <em>Cinémonde</em>. Personne ne prend cette petite starlette alors au sérieux.</p><figure><a href="https://www.20minutes.fr/dossier/brigitte_bardot">Notre dossier sur Brigitte Bardot</a></figure><h2>Une pionnière dans la défense des animaux</h2><p>Le 9 janvier 1962, Brigitte Bardot inaugure la séquence « <a href="https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/caf88025685/avocat-d-un-soir-brigitte-bardot-denonce-les-methodes-barbares-des-abattoirs">Avocat d’un soir</a> » du magazine phare de l’ORTF, « Cinq colonnes à la Une ». « C’est-à-dire que les petits animaux, les veaux, les moutons et les chèvres sont égorgés vivants », lance-t-elle, dénonçant la barbarie dans les abattoirs et apparaissant pour la première fois en protectrice des animaux.</p><p>Alors qu’une vache est en train de se faire égorger à l’écran, elle montre sa maîtrise du dossier : « Ça dure quelquefois trois, quatre ou cinq minutes. Et pendant ces trois, quatre ou cinq minutes, la bête est vivante et souffre. »</p><p>A l’époque, personne n’a cure du sort des animaux. Son appel fait glousser. « Vous ne trouvez pas étrange que vous, Brigitte Bardot, vous vous occupiez de ces problèmes ? », lui demande le présentateur Pierre Desgraupes. « Je trouve surtout étrange que personne d’autre ne s’en occupe », rétorque-t-elle. Elle décide de devenir <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/vegetarisme">végétarienne</a> et de s’engager pour cette cause.</p><p>Dans la foulée de l’émission, elle débarque place Beauveau avec trois pistolets d’abattage indolore dans son sac Vuitton, plaidant pour un décret pour la généralisation de l’usage ces derniers. Dix ans plus tard, ils sont utilisés dans tous les abattoirs de France.</p><p></p><figure><iframe title=" La vie de Brigitte Bardot en six lettres" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/xlku53k/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><h2>La chasse aux phoques, son premier combat</h2><p>En mars 1977, à l’invitation de <a href="https://www.20minutes.fr/planete/4117008-20241023-presente-comme-heros-defenseur-baleines-paul-watson-realite-raciste-classiste">Paul Watson</a>, fondateur de la Sea Shepherd Conservation Society, elle part au Canada et met sa notoriété internationale au service de la défense des bébés phoques massacrés pour leur fourrure. Ce combat, ultra-médiatisé, culmine avec une couverture de <em>Paris Match</em> le 1er avril 1977, où elle pose sur la banquise.</p><p>Après un lobbying acharné auprès de <a href="https://www.20minutes.fr/arts-stars/medias/2923219-20201203-mort-valery-giscard-estaing-cinq-moments-o-homme-politique-maitrise-art-buzz-mediatique">Valéry Giscard d’Estaing</a>, elle obtient en 1978 l’interdiction du commerce des produits issus de la chasse aux phoques. C’est au Canada qu’elle rencontre <a href="https://www.20minutes.fr/planete/799414-20111004-chronique-allain-bougrain-dubourg">Allain Bougrain-Dubourg</a>, grand défenseur de la cause animale, son compagnon pendant sept ans. Elle lui apporte la « capacité de la révolte publique », il lui transmet « un peu de cohérence dans son combat », <a href="https://www.purepeople.com/article/allain-bougrain-dubourg-sa-vie-avec-brigitte-bardot-elle-voulait-se-marier_a166619/1">résumera-t-il</a>.</p><h2>La création de la Fondation Brigitte Bardot</h2><p>En 1986, elle crée la Fondation Brigitte-Bardot pour défendre les animaux. « J’ai donné ma jeunesse et ma beauté aux hommes. Maintenant je donne ma sagesse et mon expérience et le meilleur de moi-même aux animaux », déclare-t-elle alors. Pour ce faire, elle doit réunir 3 millions de francs, somme qu’elle n’a pas. En 1987, elle vend aux enchères 117 lots de souvenirs personnels et cinématographiques, dont un portrait par Marie Laurencin et la robe de son premier mariage avec Roger Vadim.</p><p>La fondation se porte régulièrement partie civile lors de procès pour cruauté animale, travaille à la création de sanctuaires pour animaux dans plusieurs pays, participe à la réintroduction d’espèces animales et finance de nombreux refuges.</p><p>De 1989 à 1992, Brigitte Bardot anime 12 numéros de « S.O.S Animaux » afin de sensibiliser l’opinion publique sur les souffrances infligées aux animaux. En 1991, elle fait don de sa propriété La Madrague à sa fondation, afin d’en augmenter le capital et être reconnue d’utilité publique.</p><p>Dans les années 1990, elle milite contre la consommation de viande de cheval, dénonce la torture des ours et la chasse aux tigres et rhinocéros en Chine et finance un programme de stérilisation et d’adoption massive des chiens errants de Bucarest.</p><h2>Un noble combat entaché par des propos racistes</h2><p>Le 23 décembre 2006, dans la newsletter de la fondation, l’actrice publie une lettre à <a href="https://www.20minutes.fr/politique/nicolas_sarkozy/">Nicolas Sarkozy</a> où elle critique la pratique de l’Aïd al-Adha en France, ce qui lui vaut une 5e condamnation en onze ans pour incitation à la haine raciale en raison de propos sur la communauté musulmane.</p><p>Ces dernières années, Brigitte Bardot s’est particulièrement attaquée au commerce de la fourrure, au gavage des oies et des canards (en invitant l’actrice américaine <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/pamela_anderson">Pamela Anderson</a> à s’exprimer devant les députés de l’Assemblée nationale française en 2016), à la chasse aux phoques au Canada et aussi au braconnage en mer (offrant en 2014 l’asile à son vieil ami Paul Watson), à l’inscription de la tauromachie au patrimoine culturel français ou encore à la chasse aux dauphins aux Iles Féroé.</p><p>De nobles combats, hélas, entachés par les sorties racistes de l’ancienne star de cinéma. Ses propos inadmissibles dans une lettre ouverte au préfet de La Réunion en 2019 où elle qualifie les Réunionnais de « population dégénérée » provoquent <a href="https://www.lexpress.fr/societe/apres-les-propos-racistes-de-brigitte-bardot-le-delegue-de-sa-fondation-demissionne_2069620.html">la démission de Didier Derand</a>, délégué à la Fondation Bardot pendant vingt-cinq ans, d’origine réunionnaise. La Fondation, dont Brigitte Bardot est la présidente, se désolidarise rapidement, affirmant que la lettre relève d’une « initiative personnelle ». « Oh vous savez, à part m’occuper des animaux de façon extraordinaire, je n’ai rien d’admirable », confiait-elle à <em><a href="https://www.vogue.fr/vogue-hommes/culture/diaporama/entretien-avec-brigitte-bardot/17556">Vogue</a></em> en 2000. On ne peut qu’acquiescer.</p>