Biathlon : L’affaire Julia Simon, plaie ouverte et boulet éternel de la vie du groupe tricolore avant les JO ?

Published 3 hours ago
Source: 20minutes.fr
Biathlon : L’affaire Julia Simon, plaie ouverte et boulet éternel de la vie du groupe tricolore avant les JO ?
<p>Grise mine. L’équipe de France féminine de biathlon débarque au Grand-Bornand avec l’espoir de puiser <a href="https://www.20minutes.fr/sport/biathlon/">dans cette étape de Coupe du monde à domicile</a> un enthousiasme perdu. Non pas que le début de saison soit catastrophique sur le plan sportif - deux Françaises dans le top 4 du général et une victoire à Hochfilzen pour Lou Jeanmonnot - mais la déprime collective chronique a fait son retour au premier plan la semaine dernière en même temps que Julia Simon.</p><p>La lauréate de la Coupe du monde de biathlon 2023 a été <a href="https://www.20minutes.fr/sport/biathlon/4181418-20251024-biathlon-julia-simon-reconnait-totalite-faits-condamnee-trois-mois-prison-sursis">condamnée cet automne à trois mois de prison avec sursis</a> et 15.000 euros d’amende pour fraude à la carte bleue.</p><p>« Ce retour, on l’a vécu plus ou moins de la même manière que depuis trois ans, partageait Lou Jeanmonnot au micro de la Chaine L’Equipe en Autriche. En fait, on y est habituées. Si pour vous, c’est ponctuel dans les médias, nous, ça fait trois ans et demi que c’est journalier. […] C’est pas comme ça que j’aurais voulu vivre ma carrière d’athlète en équipe de France A. J’aurais aimé aller avec des copines à l’entraînement et être contente d’y aller. Malheureusement, ce n’est pas le cas. »</p><h2>Lou Jeanmonnot au soutien de Justine Braisaz</h2><p>Pour Florian Silnicki, expert en communication de crise et fondateur de LaFrenchCom, ce feu qui consume la vie de groupe des biathlètes françaises aurait dû être éteint il y a bien longtemps par les instances dirigeantes. Or la FFS s’en était lavé les mains dans un communiqué datant du mois de juillet 2023, expliquant devoir attendre « les résultats de l’enquête pénale » faute de moyens techniques pour enquêter.</p><p>« La Fédération a cru être prudente, elle a surtout été absente, tacle l’expert. En communication de crise, le silence n’est jamais neutre, il prend toujours parti. À force d’attendre et de temporiser, la FFS a laissé le collectif se fissurer de l’intérieur. Quand une institution ne protège pas clairement les victimes, elle envoie un message très violent : débrouillez-vous entre vous. » C’est d’ailleurs ce qu’il s’est passé dans un premier temps, avant que Julia Simon ne soit visée par deux plaintes pour fraude à la carte bancaire.</p><p>Bien avant de devenir numéro 1 française, Lou Jeanmonnot avait acté à l’été 2023 sa rupture avec la décuple championne du monde, accusée d’avoir « refusé les mains tendues » de sa victime et coéquipière, Justine Braisaz-Bouchet, à une époque où Simon refusait de reconnaître les faits. Le week-end dernier à Hochfilzen, l’actuelle 3e du classement général a renouvelé son soutien inconditionnel à Braisaz-Bouchet, révélant au passage que celle-ci <a href="http://20minutes.fr/sport/biathlon/4191312-20251213-biathlon-menaces-mort-contre-fille-braisaz-bouchet-actes-inqualifiables">avait reçu des menaces de mort destinées à sa fille de 2 ans sur les réseaux.</a> La championne olympique 2022 de la mass-start était ensuite entrée dans le détail au micro de RMC.</p><p>« Ça m’a donné froid dans le dos de recevoir des messages haineux. C’était à l’issue du premier week-end à Ostersund. On venait de gagner les deux relais. Je faisais partie des relais vainqueurs, ce n’est pas un pari qui a été manqué. Le message était écrit en français, avec des mots violents envers ma fille. Je ne sais pas pourquoi. Des insultes il y en a régulièrement mais de ce genre-là, j’ai trouvé ça dur. »</p><h2>La FFS peu interventionniste dans l’affaire Simon</h2><p>Un épisode traumatisant qui, s’il n’a aucun lien avec Julia Simon, traduit une réalité : Justine Braisaz-Bouchet a pris l’habitude de recevoir des amabilités dans ses DM depuis la médiatisation de l’affaire en 2023. « Dans la tête de beaucoup de personnes, dit Braisaz, j’étais la fauteuse de troubles, qui essayait de piéger l’autre. » Jusqu’ici discrète, <a href="https://www.lequipe.fr/Biathlon/Actualites/La-federation-francaise-de-ski-reagit-apres-la-sortie-mediatique-de-lou-jeanmonnot/1616685">la FFS a ouvertement soutenu sa skieuse</a> dans un communiqué faisant suite à la révélation des menaces.</p><p>« La FFS condamne avec la plus grande fermeté toute forme de violence ou de harcèlement, et rappelle qu’aucun de ces comportements n’a sa place ni dans le sport, ni dans la société. […] Aucune atteinte à la probité, au respect mutuel ou à la sécurité psychologique du collectif ne saurait être tolérée, écrit la Fédération. La protection des athlètes, des staffs techniques et médicaux, ainsi que la préservation d’un climat de confiance au sein des équipes de France, constituent une priorité absolue. »</p><p>La dernière phrase aux éléments de langage récurrents dans les communications officielles des deux dernières années, traduit une fuite en avant dont personne n’est sorti grandi jusqu’ici. Les réunions internes, l’ostracisation de Julia Simon lors de la présaison 2023, les petits mots glissés aux journalistes avant chaque interview les enjoignant à éviter d’aborder l’extra-sportif, rien de ce qui a été entrepris n’a pu exorciser le mal. Et la FFS, qui n’a eu de cesse de s’en remettre à la justice pour pouvoir se prononcer sur la sanction à appliquer à sa skieuse, a finalement saisi très timidement l’opportunité se sévir une fois le verdict rendu.</p><h2>La suspension de Julia Simon très « clémente » pour Bjoernadalen</h2><p>Par ssa décision de ne suspendre Julia Simon que le temps de la première étape de Coupe du monde, à Ostersund, la commission de discipline de la FFS entretient l’équilibre collectif précaire de l’équipe de France féminine de biathlon.</p><figure> </figure><blockquote>Il aurait probablement fallu écarter Julia Simon plus tôt, soutient Florian Silnicki. Dans certaines crises, le talent devient toxique, non pas sportivement mais collectivement. À vouloir sauver une championne, on fragilise toute une équipe. Au football, Didier Deschamps a accepté de se priver de Karim Benzema pour garder la maîtrise de son vestiaire. La FFS a fait l’inverse : elle a gardé l’athlète et perdu le collectif. Cela aurait peut-être coûté des podiums, mais cela aurait évité une crise chronique.</blockquote><p>Vu de l’étranger, l’heure est également à l’incompréhension pour Ole Einar Bjoerndalen, reconverti consultant pour TV2. « Maintenant qu’elle a été reconnue coupable de plusieurs chefs d’accusation, c’est encore plus incompréhensible. Il est très surprenant de voir que la punition soit si clémente. » Cela n’a toutefois pas empêché l’Unité d’intégrité du biathlon, organe rattaché à l’IBU, de se ranger derrière la décision de la FFS. Tout est en place pour que le biathlon féminin tricolore reparte pour un nouveau tour de manège, en pleine saison olympique. </p>