Mercosur : Mais pourquoi la France veut-elle un report du vote européen sur le traité ?

Published 5 hours ago
Source: 20minutes.fr
Mercosur : Mais pourquoi la France veut-elle un report du vote européen sur le traité ?
<p>Dans la dernière ligne droite, la tension monte entre <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/bruxelles">Bruxelles</a> et Paris. La <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/commission_europeenne">Commission européenne</a> a répété ce lundi son souhait de signer l’accord de libre-échange avec le <a href="https://www.20minutes.fr/economie/mercosur/">Mercosur </a>dans les prochains jours. Ursula von der Leyen espère valider ce traité commercial avec l’Amérique latine samedi, lors du sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu, au Brésil. Mais la présidente de la Commission doit d’abord recevoir le feu vert des Etats européens. Or la France joue la montre et <a href="https://www.20minutes.fr/politique/4191411-20251215-face-colere-agriculteurs-macron-prend-accord-mercosur">demande un report du vote à l’année prochaine</a>. Pourquoi une telle stratégie ? On fait le point.</p><figure><iframe title="Agriculteur : un métier pour les jeunes ?" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/xqz5qzu/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><h2>De quoi on parle ?</h2><p>Négocié depuis plus de vingt ans avec les pays du Mercosur (abréviation du « marché commun du sud » comprenant <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/argentine">Argentine</a>, Brésil, <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/uruguay">Uruguay</a>, <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/paraguay">Paraguay</a> et <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/bolivie">Bolivie</a>), cet accord tentaculaire serait l’un des plus importants conclus par l’Union européenne. Il créerait un marché commun de 722 millions d’habitants, permettant aux Européens d’exporter davantage de voitures, de machines, de vins… Dans le même temps, il permettra de faciliter l’arrivée sur le Vieux continent de bœufs, volaille, sucre, ou miel…</p><p>Mais pour éviter une « concurrence déloyale » avec ces pays, le gouvernement français souhaite ajouter des mesures de protection au traité. « A ce stade, le compte n’y est pas pour protéger les agriculteurs français. Les exigences françaises n’ont pas été remplies », a tonné dimanche soir l’entourage d’Emmanuel Macron.</p><h2>Que demande la France ?</h2><p>La France a posé deux exigences : l’accord doit être accompagné de clauses de sauvegarde pour protéger « les filières de production agricole de toute perturbation de marché » ; mais aussi des « mesures-miroir, notamment sur les pesticides et l’alimentation animale, afin que les produits importés entrant sur le marché intérieur respectent impérativement les normes environnementales », a rappelé Matignon.</p><p>« L’idée est que les produits importés respectent les mêmes règles. L’accord Mercosur ne doit être signé que si ces deux conditions sont bien prises en compte, la position de la France est ferme. Sinon, les négociations continueront », tranche Fabienne Keller, députée européenne Renew (Renaissance). Ce mardi, au Parlement européen, les eurodéputés se penchent d’ailleurs sur les mesures de « sauvegarde » destinées à rassurer les agriculteurs… et à amadouer la France.</p><p>« Les mesures dont on parle, c’est ce que pourrait faire la Commission éventuellement pour dédommager des agriculteurs défavorisés… C’est du vent. En réalité, l’accord est déjà scellé et on ne peut modifier le contenu », peste David Cormand, eurodéputé écologiste. « C’est du baratin car l’UE n’a pas envie de payer pour les agriculteurs français qui, une fois encore, seront sacrifiés pour mieux enrichir les géants de l’agrochimie », ajoute l’ancien patron d’EELV.</p><h2>Emmanuel Macron veut-il vraiment s’y opposer ?</h2><p>Les opposants d’Emmanuel Macron lui reprochent d’avoir varié de position sur le Mercosur. D’abord plutôt ouvert à son arrivée au pouvoir, le président français a ensuite durci le ton, le jugeant même « très mauvais » en mars 2024. Mais en novembre dernier, le chef de l’Etat avait surpris et agacé les agriculteurs <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/francais">français</a> en se disant « plutôt positif » sur la possibilité d’accepter l’accord commercial. «<a href="https://www.20minutes.fr/politique/4191575-20251215-mercosur-faut-sortie-temps-reclame-bruno-retailleau-emmanuel-macron"> On a besoin de savoir où le chef de l’Etat veut mener la France</a>. Il faut donc une sortie de l’ambiguïté, du &#x27;&#x27;en même temps&#x27;&#x27; », a critiqué ce lundi <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/bruno_retailleau">Bruno Retailleau</a>, le patron des Républicains. « Le président a toujours été ferme sur le Mercosur, en demandant des garanties sur les clauses de sauvegarde et clauses-miroirs, même si une phrase a pu être mal interprétée… », balaie Fabienne Keller.</p><p>Certains accusent le <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/president">président</a> de souffler le chaud et le froid pour ne pas accentuer la colère agricole. Depuis plusieurs semaines, les agriculteurs multiplient en effet les actions pour dénoncer la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), et notamment l’abattage systématique des troupeaux affectés. « Rajouter la validation du Mercosur dans ce contexte était complicado », raille David Cormand. « Le problème c’est que par ses zig-zag sur le Mercosur, la France n’a pas mené la baston en <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/europe">Europe</a> et n’a pas <a href="https://www.20minutes.fr/politique/4121886-20241119-colere-agriculteurs-france-peut-vraiment-bloquer-traite-entre-union-europeenne-mercosur">construit d’alliance d’opposition</a> », regrette l’élu écologiste.</p><figure> </figure><p>Alors qu’une forte mobilisation agricole se prépare cette semaine contre le Mercosur, la <a href="https://www.20minutes.fr/dossier/commission">Commission</a> a balayé la demande française de report du vote des Etats membres, prévu mercredi ou vendredi. « C’est normal que la pression monte, on est dans une semaine de décisions », souffle Fabienne Keller. Même si elle s’y oppose, la France n’est pas certaine de pouvoir éviter la signature du traité. Une simple majorité qualifiée permettrait ainsi de l’adopter. Au risque d’ouvrir une nouvelle crise au sein de l’Union européenne.</p>