Attaque à Sydney : Pourquoi cet attentat commis par un père et son fils est-il inédit ?

Published 17 hours ago
Source: 20minutes.fr
Attaque à Sydney : Pourquoi cet attentat commis par un père et son fils est-il inédit ?
<p><a href="https://www.20minutes.fr/monde/4191371-20251214-fusillade-australie-point-attaque-contre-fete-juive-fait-11-morts-sydney">L’attentat antisémite commis dimanche en Australie</a> a choqué le monde entier. D’abord par son bilan très lourd : au moins 15 personnes, <a href="https://www.20minutes.fr/monde/4191522-20251215-attaque-sydney-survivant-shoah-ingenieur-francais-rabbin-victimes-agees-10-87-ans">âgées de 10 à 87 ans</a>, ont été tuées sur la plage mythique de Bondi, à Sydney. Une quarantaine d’autres ont été blessées. Des victimes qui s’étaient réunies pour célébrer la fête juive de Hanouka. Mais cette attaque terroriste heurte aussi car les deux assaillants <a href="https://www.20minutes.fr/monde/daesh/4191516-20251215-attaque-antisemite-sydney-pere-fils-sympathisants-ei-citoyens-australiens-assaillants">étaient un père et son fils</a>, Sajid et Naveed Akram, âgés de 50 et 24 ans.</p><p>Une situation quasi inédite dans les annales du terrorisme international. « C’est très rare. Je n’ai pas souvenir qu’un père et son fils aient déjà commis un attentat, même si on a vu des parents radicalisés partir en Irak et en Syrie avec leurs enfants », observe Jean-Charles Brisard, le président du Centre d’analyse du terrorisme.</p><h2>« La clandestinité, c’est essentiel »</h2><p>En revanche, poursuit cet expert, des attaques ont déjà été perpétrées ou imaginées par des frères. Il cite l’exemple des frères Kouachi, les terroristes qui ont décimé <a href="https://www.20m<em>inutes.fr/soc</em>iete/4132356-20250107-attentat-charlie-hebdo-jamais-vu-scene-comme-ca-temoignage-procureur-francois-molins">en 2015 la rédaction de Charlie hebdo</a>, ou les auteurs du <a href="https://www.20minutes.fr/monde/2833791-20200803-etats-unis-donald-trump-reclame-peine-mort-auteur-attentat-marathon-boston">double attentat de Boston</a> en 2013, Djokhar et Tamerlan Tsarnaïev. « Ce sont des personnes qui partagent la même idéologie et qui décident, à un moment donné, de franchir le pas. Le fait d’être frère permet aussi de cloisonner les choses, et la clandestinité, c’est essentiel », souligne Jean-Charles Brisard.</p><figure><iframe title="Les images du « héros » qui a désarmé un tireur de l’attentat en Australie" width="100%" height="100%" src="https://www.ultimedia.com/deliver/generic/iframe/mdtk/01357940/zone/1/src/3smvmq3/showtitle/1/" frameborder="0" scrolling="no" marginwidth="0" marginheight="0" hspace="0" vspace="0" webkitallowfullscreen="true" mozallowfullscreen="true" allowfullscreen="true" allow="autoplay" referrerpolicy="no-referrer-when-downgrade"></iframe></figure><p>D’autres terroristes sont passés à l’acte seuls mais ont pu être influencés par un frère. C’est le cas de <a href="https://www.20minutes.fr/faits_divers/4114971-20241011-attentat-arras-durant-incarceration-mohammed-mogouchkov-ecrit-poeme-contre-valeurs-francaises">Mohammed Mogouchkov</a>, qui a tué le professeur de Français Dominique Bernard le 13 octobre 2023 à Arras. Son frère aîné avait déjà <a href="https://www.bfmtv.com/police-justice/attaque-au-couteau-dans-un-lycee-d-arras-le-frere-du-suspect-interpelle-en-2019-pour-un-projet-d-attentat_AV-202310130596.html">condamné pour « association de malfaiteurs terroristes »</a> dans un autre dossier. C’est aussi le cas de Mohammed Merah, l’auteur des tueries de mars 2012 à Toulouse et Montauban, dont le frère, Abdelkader, a été <a href="https://www.20minutes.fr/justice/2765843-20200422-abdelkader-merah-definitivement-condamne-30-ans-prison-apres-rejet-pourvoi">condamné à trente ans de prison</a> pour complicité.</p><p>« Le facteur familial est très complexe à appréhender, analyse <a href="https://www.ihemi.fr/articles/linfluence-familiale-dans-les-processus-de-radicalisation-et-de-sortie-de-la-violence">la sociologue Rachel Sarg</a>. Il y a ce qu’on a qu’on appelle l’influence directe et l’influence indirecte », poursuit-elle. Pour résumer, une personne peut basculer dans le terrorisme en raison de « contextes familiaux conflictuels violents ». Ou parce qu’elle est issue d’une « famille radicale ». « Dans certains milieux familiaux, il y a une transmission des croyances radicales. Après, le passage à l’acte reste très rare pour un père et son fils », remarque-t-elle. Plus les personnes sont âgées, moins il y a de chances qu’elles passent à l’acte. « Par contre, elles sont actives dans la transmission des idées radicales. »</p><h2>« Un facteur de risque important »</h2><p>Ainsi, avoir un frère « engagé » idéologiquement dans le djihad constitue « un facteur de risque important », souligne Rachel Sarg. « On adhère aux idées de son entourage. Ça commence par des discussions avec sa fratrie, des amies, et on se renforce petit à petit dans la radicalisation parce qu’on est proche de ces personnes. » Mais selon cette chercheuse en sciences sociales, bien souvent, « la famille n’est pas au courant de la radicalisation de l’enfant ». « Elle la découvre ou n’a pas envie de la voir, aussi. Il y a des familles fragiles, ou qui sont dans le déni, ou qui n’ont pas conscience du danger et sont dépassées par les événements. Mais les parents sont aussi parfois les premiers à signaler le jeune aux autorités ».</p><figure> </figure><p>Rachel Sarg prend alors le cas « assez inédit » des « <a href="https://www.20minutes.fr/monde/4173367-20250916-djihad-france-rapatrie-dix-enfants-trois-femmes-depuis-camps-syrie">enfants nés en Syrie</a> ». « Les pères sont eux-mêmes radicalisés et transmettent en partie un socle de croyance radicale. Ils ont un rôle dans l’éducation, dans la transmission. Mais cela ne veut pas forcément dire que ces enfants passeront à l’acte. Il y a toujours plusieurs facteurs pour expliquer l’acte terroriste. Le sentiment d’injustice, la frustration, les réseaux sociaux… La famille en est un important, mais ce n’est pas le seul. »</p>